JAZZ et musique classique

par **Jacques Mantz** Ven 15 Avr - 18:55

Le croisement du jazz et de la musique classique et devenu un style de musique à part entière. En intégrant à la fugue et au contrepoint, le swing et l’expressivité du jazz, des musiciens sont parvenus à une synthèse étonnamment originale.

L’idée vient de la volonté saugrenue de transcrire JS BACH en Jazz car la musique contrapunctique du Cantor de Leipzig s’y prête particulièrement bien : la ligne de basse, toujours bien présente, fait "swinguer" naturellement le morceau. La structure permet aisément une interprétation en 4/4. Puis des improvisateurs ont intégré dans leur travail les règles d'or de la musique classique et la pulsation naturelle des musiciens de jazz.

SWING

Le jazz et ses "Blue notes" est un genre caractéristique. Le swing est une manière particulière de traiter le tempo et l'expressivité, un procédé particulier de traitement du son qui rend la musique sensuelle, vivante, expressive et émouvante. Il est cette pulsation qui anime un morceau d'une sorte de félinité. Le swing ne peut pas se réduire à l'écriture et n'existe qu'au moment de l'interprétation. L'expressivité est indissociablement liée au feeling.

IMPROVISATION DANS LA MUSIQUE CLASSIQUE

Jadis, l'improvisation était pratique courante dans la musique classique. Bien avant JS BACH, le dernier des exécutants savait improviser sur une basse continue, préfigurant la grille d'harmonie des musiciens de jazz.

A partir du Romantisme, l'improvisation disparaît de la musique classique et, à l'aube du 20e siècle, elle revient en force avec le Jazz. Notons cependant que l'improvisation n'est pas la principale caractéristique du Jazz : une musique écrite, jouée avec expressivité et swing est bel et bien du Jazz. Le Jazz possède ses génies au même titre que la musique classique.

Comparable à Jean-Sébastien BACH, Louis ARMSTRONG figure parmi les grands génies de la musique. Son influence sur les autres musiciens est la plus large de toute l'histoire du Jazz. Les idées les plus hardies, les plus sublimes, jaillissent sans discontinuer de cette âme exceptionnelle avec une facilité déconcertante. Le phrasé est ciselé, souple et puissant : ne parlons même pas du swing : il swingue comme il respire !

Autre grand compositeur entre Jazz et classique : John LEWIS

A L'HEURE DU JAZZ

La musique classique occidentale répond à des règles très codifiées qui n'ont cessé de se perfectionner avec le temps. C'est une musique écrite, rigoureuse, savamment construite. Cependant, elle a évolué depuis l'avènement du Jazz. Des compositeurs comme Bartók, Stravinsky ou Gershwin s’en sont inspiré.

Le véritable classicisme réside dans l'universalité de l’œuvre. C’est pourquoi l'interprétation ne peut être statique. Elle doit évoluer au fil du temps pour s’intégrer pleinement à la modernité du moment.

JEAN-SEBASTIEN BACH

Presque tous les Jazzmen vouent une admiration immense à JS BACH, qu'ils reconnaissent comme l'un des leurs car son œuvre recèle des trésors de modernité et de swing. L'esprit de la danse y est toujours présent.

La structure se prête remarquablement à une interprétation en 4/4 : la ligne de basse est toujours évidente et les lignes mélodiques se dynamisent avec un génie qui fait swinguer l'ensemble. Les temps faibles, 2 et 4, peuvent être accentués. L'architecture des rythmes balancés engendre le swing sans trahir l'œuvre.

En 1937, Django Reinhardt improvisait sur le premier mouvement du Concerto pour 2 violons en Dm, une des plus intéressantes novations du Jazz européen. Comme la spontanéité, le swing et l'expressivité du Jazz manquaient à la musique classique et que, vice-versa, la rigueur formelle de la musique classique faisait défaut au Jazz, il a imaginé avec de nombreux autres artistes resserrer le lien entre ces deux genres musicaux.